La visite
Hier j'ai été faire ma première visite seul à la maison de retraite des Griottes. J'ai bien aimé être seul avec les pensionnaires. Je passe, dans le même service, avec la bibliothèque de la Croix Rouge. Ce qui m'a surprit c'est que je vois des personnes différentes d'un circuit à l'autre. Avec l'aumônerie on touche aussi des personnes qui ne peuvent plus lire. Quand je rentre dans une chambre pour proposer de la lecture et que l'on me répond de manière hésitante qu'on ne peut plus lire, je me demande si c'est vrai. Peut être qu'il n'y a plus la volonté, la force de lire. Certains se désintéressent …. Pour ce qui est de la Croix Rouge, je quitterais si nécessaire … Ils peuvent vivre sans moi. On n'est pas indispensable.
Pour revenir à ma visite, les personnes âgées n'intéressent plus personnes, ce sont les plus vulnérables dans la société. Certains disent qu'elles sont "économiquement" inutiles. Encore que sur ce plan, on peut répondre que cela créé des emplois qui ne risquent pas d'être délocalisés.
Mais c'est peut être pour cela qu'ils sont intéressant. De mon passage dans les services de psychiatrie de Bassens, je retiens des gens qui sont finalement dans un cocon douillet. Ils se sont mis à l'abri d'un monde sauvage de leur point de vue. Certes, il y a aussi beaucoup de souffrances, mais, je vais dire quelque chose que j'hésite à exprimer : "Ils ont choisit de vivre à l'abri des coups". Sont-ils si intéressant que cela ? Ils souffrent c'est certain. Mais s'il faut choisir prenons les personnes âgées.
J'ai noté que beaucoup de personnes ont eu une éducation religieuse, venant de l'aumônerie je suis un peu amené à aborder le sujet. Assez volontiers, ils acceptent de faire une prière. Je la fait de mon mieux, sans hypocrisie. Je ne suis pas obligé de leur parler de mes doutes. Venant de l'aumônerie cela permet de tenter de mettre la discussion sur le sens de la vie, la spiritualité.
Ce sera peut être, pour moi, une manière d'y voir plus clair là dessus. J'aimerais pouvoir revenir sur le sujet.
Une personne m'a dit dans un moment d'émotion : J'attends la mort ! Cela revient souvent. J'ai eu envie de répondre : Moi aussi ! Même si on sait qu'un jour cela doit venir, cela ne doit pas nous empêcher de vivre aujourd'hui, c'est à dire d'apprécier pleinement la chance, la joie que nous avons de vivre sur cette terre maintenant. Ce n'est pas la peine de gâcher le moment présent à cause d'un avenir qui viendra, mais plus tard.
Est-ce que ce moment de vie nous la devons à Dieu, tel que la religion catholique nous le présente, ou est-ce qu'elle doit s'exprimer avec d'autres formes de spiritualité ? Le Bouddhisme ? Va savoir.
Comment "donner l'envie, le moral, le goût de ces moments " à ces gents "qui n'attendent que …". Mais ne cherchons pas trop à vouloir changer le monde.
Pour l'instant, cela m'intéresse. A un moment je serais peut être las d'entendre les mêmes histoires.