A la recherche des fantômes
Le 3 octobre "un plan simple" à la Maison Populaire de Montreuil avec Taxi-Tram.
Des œuvres mises en scène pour dialoguer communiquer chacune gardant son autonomie, son projet. Ce sont sept commissaires qui ont réussi à dépasser leur égo pour réaliser cette scénographie.
A l'entrée un moniteur de "vidéo-surveillance" parodie de la technologie ambiante.
De l'entrée on voit, en fond, un papier peint rose avec des petits dessins noirs. Pour une chambre d'enfant c'est juste un peu décalé dans une salle d'art contemporain, mais pourquoi pas ? Leroy Merlin va De plus près on voit que les dessins correspondent à des scènes de torture. L'oeuvre est faite par une artiste iranienne dont les parents ont été tués dans les prisons iraniennes. Cela refroidit.
En fait il faut avoir les clefs d'une œuvre, d'une performance pour l'intégrer.
Dans la petite expo de Montreuil une vidéo : Un écran nous débite un discours, visiblement intello, en anglais, ce n'est que pire. Moins fort ! Je n'arrive pas à entendre ce que me disent les commissaires médiateurs. Je l'aurais bien cassée avec un marteau.
Puis l'un d'eux nous explique que cette vidéo c'est une performance d'Anna Fraser. Dans le musée Guggenheim de Bilbao, une visiteuse prend un audiophone pour une visite guidée. Rien que très classique. Le discours de l'audiphone qui me gêne tant, porte sur les volumes de béton qui constituent le bâtiment. Les images de la vidéo attestent de masses élégantes. Le discours insiste sur la sensualité des formes, leur élégance. La femme adhère pleinement au discours, si bien qu'elle caresse de plus en plus sensuellement les piles de béton et ... Heureusement que nous avons du partir pour la suite du parcours. Chacun imaginera, selon ses fantasmes personnels, comment la jolie jeune femme a terminé sa visite sur un mode "hot". De l'érotisme dans un discours muséal. C'est trop de la balle ! Et voilà comment grâce au médiateur l'œuvre me parle !
Je cite souvent Pierre Ricco, une phrase qu'il reprend d'un philosophe allemand : Il faut se mettre devant un œuvre d'art comme devant un prince ne rien dire et attendre qu'il vous parle.
Je veux bien, j'ai même essayé, mais pour la vidéo j'aurais juste voulu massacrer l'œuvre, alors qu'une fois expliquée je la trouve jubilatoire.
Une autre œuvre : Vue de loin, une moquette avec des effets feux d'artifice ! Quand on se rapproche, on voit une moquette brulée avec des fers à souder.
Puis nous avons fait une ballade dans le vieux Montreuil, une flânerie avec un artiste.
Avant l'artiste nous montre ses photos pour préciser sa vision. Il recherche dans les murs, les bâtiments des compositions pas forcement recherchée. L'espace urbain n'est plus considéré comme quelque chose d'utile pour se déplacer, pour informer mais sur le plan esthétique.
L'artiste se déplace dans la ville et repère les endroits ou des plans, des objets lui parlent. Il recherche les fantômes : graffitis recouverts de peinture. Il trouve dans des raccords de peinture, des correspondances de teintes. Il photographie sans techniques particulières. Il recadrera pour trouver le juste équilibre des surfaces, des tons. Il est attentif à ce qui est hors champ et aux différentes profondeurs de sa prise de vue. Sur l'une de ses photos, il gardera juste le départ d'une grille. Pour ancrer la photo dans du concret ? Dans un ensemble. Il efface de sa vision ce qui est éléments décoratifs. Il se situe dans l'abstrait. Les surfaces sont épurées. Il trouve dans les travaux, les chantiers et leurs stocks, les accumulations qui fournissent les abstractions recherchées. Il y a de l'opportunisme aussi : suivant la position d'une benne par rapport à une palissade qui fournit le fond de la photo. Il prendra ou non la photo.
Ainsi il nous donne sa lecture de l'espace urbain.
Puis l'après-midi départ en car vers le château de Chamarande, on rencontre un artiste qui a exposé au Palais de Tokyo. Il raconte ses déboires. Il voulait faire une fiction sur un homme Mick qui a des liens avec le terrorisme, on ne sait pas trop lesquels. Pour réaliser sa fiction cet artiste a cherché à se renseigner sur le terrorisme, si bien, qu'a trop trainer sur les lieux ou El Quaida à œuvré, il devient suspect aux yeux des brigades chargées de ces affaires. Un jour, il voit une vingtaine de policiers débarquer chez lui à six heures le matin … Il s'en est remis.
J'ai bien aimé la ballade dans le jardin du Château, mais la terre était bien sèche.
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