Va donc te "culturer"
Fé m'a dit : Papa, il faut que tu te "cultures" un peu ! Va voir ce Tram-taxi !
En père obéissant, j'y suis allé.
Le principe consiste à amener les participants sur des lieux de l'Ile de France ou il y a de la création en cours de réalisation. On parle de performances. Aller là ou l'art se fait, se "performe".
Au Jeu de Paume, premier des trois lieux que nous devons visiter.
Martin Parr, photographe documentaire. Un collectionneur né.
Il regroupe des objets tombés en obsolescence après la chute des personnes ou des symboles qu'ils représentaient : Thatcher, Mao, CCCP pour la Russie soviétique, Sadam Hussein ... Ce sont des assiettes, des réveils, des fusées en plastique bien kitch. Il photographie les riches dans les lieux où ils se prélassent, des salles de loto, des troupeaux de touristes dans leur exploration du monde entier, des lieux usuels de la consommation.
La performance, c'était un orchestre roumain de cuivres "désaccordés" à la recherche d'un hymne national, de leur pays pour la circonstance. Avec l'hymne à la joie, "Europe oblige", dans ce flot de sons.
Le deuxième lieu : C'est Ruel Malmaison. La performance, c'est cinq modèles qui posent nus dans une sorte de chorégraphie. Leurs poses changent au rythme d'un gong. Une cinquantaine de dessinateurs essaie de les saisir. Et nous sommes autorisés à entrer dans la salle pour observer cet évennement. J'ai fait des essais de croquis de nus, c'était l'occasion ou jamais. Je ne saurais jamais faire un croquis. Trop contraignant, manque de capacité à dessiner, saisir le volume. Une femme devient un homme sous mon crayon ! Mais, quasi décomplexé, par rapport à ces piètres capacités, j'ai commencé à essayer de rechercher la ressemblance. N'y arrivant pas, j'ai tenté une sorte d'abstraction cubiste (ben voyons). Pour finir j'ai fait des gribouillis ! Finalement un bon moment de détente.
Troisième lieu : A Vitry : Pierre Cochin, peintre abstrait, fait des nuits intenses. On y voit la violence du geste, le hasard, les taches, les éclaboussures qui forment des harmonies sauvages. Ce sont des plaisirs jubilatoires (je reprends un texte de Cochin).
La performance, des musiques concrètes apprivoisées. Je veux dire que la stridence et la dureté des sons se sont calmés vers la fin ou peut-être me suis-je habitué.
Puis des flots d'images de films cultes : du kung fu, des musicals sortis de leur histoire. Du son trépidant, avec beaucoup de rythme. L'enchainement des images ont de la force, du sens. Au passage, j'essaie de retrouver l'acteur, l'extrait de film. En bandeau déroulant en bas des images les noms de 343 "salopes", manifeste de femmes qui ont le courage de dire "Je me suis fait avorter". Manifeste paru dans le Nouvel Observateur n°334 du 5 avril 1971.
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