Exposition Picasso et les Maîtres
L'exposition montre l'influence entre Picasso et les Maîtres qu'il s'est choisi : Velasquez, Le Greco, Rembrandt, Ingres, Renoir, Delacroix, Poussin, Matisse et quelques autres.
Picasso, en démiurge, a un avis sur leurs oeuvres. Quand il s'inspirait d'une œuvre, il la déconstruisait par son analyse puissante puis il la reconstruisait selon le style qui lui convenait : Cubisme, Classique, Abstrait, Fauve, Naïf selon sa recherche.
Dans cette exposition sont présentées cote à cote, et c'est une réussite, l'œuvre, où les oeuvres dont il s'est inspiré et les tableaux qu'il en a produit.
J'ai relevé le terme de cannibalisme de Picasso.
Cela se voit avec son étude sur les Menines de Velázquez qui était déjà bien illustrée au Musée Picasso de Barcelone. Avec son sens inné de la compréhension de la composition d'un tableau, il le restitue par quelques caractéristiques essentiels une mèche, un port de tête, un geste de la main.
Au début de l'exposition, sont présentées des oeuvres d'inspiration très classique qui reprennent la statuaire grecque avec des postures très hiératiques.
Plus loin on voit le travail de Picasso à partir des bleus glacials du Greco, d'une sanguine de Renoir, puis d'une odalisque en fusain gris d'Ingres.
Picasso dit que cela lui est douloureux de mettre deux peintres dans son atelier : lui et le maître qu'il cannibalise.
Puis on voit une série dite de tarots : portraits aux couleurs vives et à la composition extravagante de mousquetaires avec épées, perruques, plumes qui lui viennent de portraits de matadors de Manet. Picasso dit des peintres français qu'ils sont de bons peintres mais qu'ils n'osent pas. Ils ne brisent pas les limites du cadre.
Dans une salle de natures mortes où sont exposés des Chardin, il dit qu'il faut "aimer les choses et les manger vivantes". Dans ces peintures, à la manière de Chardin, il retrouve le sacré des objets simples et le restitue de manière dramatique et avec sobriété dans son "Bol vert et pot noir". Pendant la guerre (la seconde) il ne peint pas la guerre (à l'exception notable de Guernica), mais la représente avec du sang et les mâchoires agressives de cranes de moutons.
L'exposition se termine avec des portraits. Il représente, en s'inspirant d'un portrait de demoiselle peint par Ingres, sa première femme Olga. Le tableau est extrêmement beau, élégant, froid, classique. Mais on n'y voit pas la passion, le désir d'un homme qui a dit que l'art n'est pas chaste. Quand, devant un tableau de Rembrandt, représentant une femme se promenant, chemise relevée, jambes découvertes, dans un ruisseau, il dit (je reformule) : "Ici, Rembrandt voit, non pas la Betsabée de la Bible, mais une femme qui est sa servante dans tous les sens du terme".
Un peu plus loin, il peint une femme, c'est Jacqueline une autre de ses compagnes, jouant avec un chat noir en reprenant l'Olympia de Manet, il met dans ce corps décomposé en seins, croupes, cuisses, lèvres, sexe beaucoup de sensualité et de luxure.
Peut être que c'était la fin de l'exposition, mais j'ai craqué, ayant trop ingurgité de Picasso qui est génial certes mais il est quand même difficile de comprendre ses tableaux "trop riches", j'ai préféré la majesté, la noblesse de l'Olympia nue de Manet.
Bon c'est pas le tout, mais il y a encore une exposition à Orsay et une au Louvre à voir sur Picasso, que de travail !
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