mardi 1 avril 2008

Le Cardinal et le Biologiste

Axel Khan et Philippe Barbarin : le Cardinal et le Biologiste

Toujours à France Culture, j'ai entendu une discussion entre Axel Kahn et le Primat des Gaules de Lyon, le cardinal Barbarin sur l’émission du Grain à moudre. Ils ont abordés un certain nombre de problèmes d'éthique. La laïcité, le fondement de la morale, la fin de vie. Je vais retranscrire leur conversion géniale de façon un peu lourde, ce sera ma façon de reformuler.

La laïcité :
Selon les récents discours de Sarkozy à Latran et en Arabie Saoudite, la religion apporte du repère et du sens. Il dit merci à ceux qui sont Juifs, Chrétiens, Musulmans pour ce qu'ils apportent à la nation. Paroles qui peuvent surprendre de la part d’un président de la République laïc. Ph. Babarin accepte ce merci.
A. Kahn est plus circonspect, une partie des maux épouvantables vient : au nom de Dieu, avec les Améridiens massacrés par les Espagnols, les Croisades à Jérusalem et au nom de pas Dieu avec des millions de morts sont advenus avec le Stalinisme ou le Nazisme et autres génocides. Restant réservé sur le rôle des Eglises, il reste dubitatif sur leur rôle positif.

Sur le fondement de la morale :
Kahn pense que le sens moral universel est consubstantiel à l'humain. Il base la morale initiale sur le respect que deux êtres, situés idéalement au début de l'humanité, peuvent se porter. L'image de l'un est dans les yeux de l'autre et l'inverse aussi. Je regarde l'autre comme un être humain, on s’humanise l’un l’autre. A. Kahn parle de valeur de réciprocité : Je pense que les valeurs dont vous vous recommandez sont celles dont je me recommande.. La morale est dictée par le rapport à l’autre.
Le Bien et le Mal a peu de consistance sans l’altérité.

De ce respect, de cette réciprocité on établit, les premiers "commandements" moraux :
Tu ne tueras pas,
Tu aimeras ton prochain comme toi même,
Tu ne pratiqueras pas l'adultère ….

Ces principes moraux ont été repris, selon A. Kahn, par les religions judéo-chrétiennes. Ce qui ne convient au Cardinal qui voit les Tables de la Loi données à Moise par Dieu, comme début de la moralité chrétienne.

La conversation porte sur Dostoïevski qui dit : Si Dieu n'existe pas, tout est permis, c'est le nihilisme, repris par Sartre. Kahn n'accepte pas cela, il croit en la beauté et la noblesse de l'homme et à sa propension morale. Et cela plait au Cardinal

Ph. Barbarin, le Cardinal, indique à A. Kahn qu'il n'y a pas un cadre à sa morale, il prends pour exemple : L'adultère qui il y a 20 ans était une faute reconnue et plaidable par un avocat. Actuellement où tout est permis, l'avocat plaide avec d’autres arguments. C’est une morale à géométrie variable. En religion il y a : Tu ne commettras pas l'adultère. c'est simple et s’applique tout le temps.
Pour Axel Kahn sur la base universelle du sens moral s'appuient des édifices moraux variables selon les cultures et les religions. Il prend pour exemple les relations sexuelles qui peuvent être comprises au fil des siècles de manières libérales où prudes selon les époques et les pays. Cependant, il reste le souci de l'autre, ce qui est le bien, alors que le mal va à l'encontre de l'autre. Si, dans les relations sexuelles à quelque niveau qu'elles se situent, il y a mépris, tromperie, manipulation de l'autre cela contrevient à la réciprocité. Le souci de la valeur de l'autre n'est plus respecté dans les comportements individuels. Il faut revenir en arrière de l'édifice moral pour retrouver la morale universelle : Tu aimeras ton prochain comme toi même.
Dans le cas des avortements de prématurés peut viables, A. Kahn a eu en tant que réanimateur des difficultés à trouver le bon comportement du médecin, qui ne doit pas tuer, face à des prématurés promis à de lourds handicaps neurologiques.
Dans le cas de l'avortement de convenance personnelle, le médecin privilégie la vie de la mère, pour le Cardinal c’est le fœtus à naître qui est une vie à respecter.

La fin de vie :
On parle de mourir dignement. L’ultime désir est de mourir dans la liberté.
C’est fallacieux. Axel Kahn donne l’exemple suivant : Aujourd’hui, je suis en bonne compagnie, nous allons probablement boire un verre après cet entretien, ce sera un bon moment. Si on me demande de passer ce bon moment ou de me trancher la gorge, c’est clair que je choisis de boire un verre. J’ai une totale liberté, mais personne ne choisira le suicide dans ce cas là.
Si une personne veut se suicider, c’est qu’elle ne peut plus faire autre chose que de mettre fin à une vie qui n’est plus vivable. La liberté n’existe plus. On est contraint au suicide.
Si comme médecin je procède à une euthanasie, je n’ai pas aidé le patient à être libre. Et de plus, on sait que quelques temps après la personne désire ardemment vivre.
Le but du médecin est de remettre en place les conditions d’une liberté. Le patient doit pouvoir changer d’avis. Si une personne soufre, on doit la soulager, même si cela doit hâter la fin. Et j’aimerais pour une personne âgée qui va partir dans une grande solitude, un geste des proches, la venue d’un enfant pour faire revenir un sourire sur le visage de l’aïeul. Si la personne doit mourir mercredi, pourquoi la priver de son mardi. La mort proche n’est jamais une raison suffisante pour interrompre la vie.
Pour l'institutrice qui a une si terrible tumeur, elle désire véritablement mourir, la loi française permet d’endormir les douleurs et de la traiter avec humanité. La loi Léonetti évite l'acharnement thérapeutique et donne des moyens juridiques aux médecins pour accomplir leurs tâches. Il n'est pas nécessaire de compléter la loi en définissant de nouvelles manières de tuer.

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